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Rencontres Kelvoa Marseille 2016

Acte 1 : « Les impacts du numérique et des nouveaux usages sur les pratiques d’accompagnement »

Tout à distance, algorithmes, plateformes…de la précarité numérique, des risques d’ubérisation aux opportunités et promesses de l’E Inclusion….

Opportunités stratégiques, développement de nouveaux métiers, « robotariat », « ubérisation » des services, précarisation généralisée… Le développement du numérique a plusieurs faces et donne lieu à des débats multiples sur ce qu’il apporte et sur ce qu’il transforme.

Le travail transformé

C’est d’abord le travail qui est transformé. Dominique Meda et Patricia Vendamin insistent sur la contradiction entre les attentes projetées aujourd’hui par les individus sur le travail et les changements en cours du marché du travail, les conditions d’exercice et le malaise qui est ainsi généré. L’introduction du rapport du Conseil national du Numérique, Les nouvelles trajectoires, est saisissante à ce sujet.

« Avant toute chose, il nous semble indispensable d’affirmer que la période que nous traversons est celle d’une évolution systémique, exceptionnelle et rarement connue dans l’histoire de l’humanité. En ce sens il ne s’agit pas d’une crise, mais d’une métamorphose : non d’un passage entre deux états, mais d’une installation dans l’inconnu. Quand la crise suppose de résoudre des enjeux qui peuvent être cruciaux, la métamorphose nécessite de modifier les conditions mêmes d’analyse de ces enjeux. »

Si l’on s’entend sur cette métamorphose, les façons de l’accompagner sont multiples et renvoient à des questions sociétales et techniques complexes. Certaines relèvent à la fois de l’accès et de la maîtrise des outils pour pouvoir simplement accéder à ses droits.

WeTechCare

Ainsi, WeTechCare est une association dont la vocation est d’ouvrir les opportunités d’internet au plus grand nombre de personnes en insertion. Elle propose des parcours d’insertion en ligne aux acteurs et réseaux de l’action sociale, aux services publics et aux collectivités territoriales. Cela afin d’agir plus, mieux et ensemble pour mettre le public visé en capacité de s’insérer dans la société et l’économie.

La plateforme CLICNJOB souhaite jouer un rôle de levier, en rendant le numérique accessible, simple et véritablement utile, en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes en difficulté.

Cela pour faire face :

  • à la priorité nationale qu’est devenu l’emploi des jeunes (près de 2M de NEET en France en 2015 – jeunes ni en formation, ni dans le système éducatif, ni en emploi)
  • à l’usage limité du numérique par les jeunes pour les démarches liées à l’insertion professionnelle.

Un accès à tous

Sur la question de l’accès à tous, la démarche de l’ANLCI (Agence nationale de lutte contre l’illettrisme) est significative. La charte Pour que le numérique profite à tous, mobilisons nous contre l’illettrisme en est l’illustration. Le constat est simple. L’utilisation des services en ligne fait désormais partie des gestes courants de la vie quotidienne.

Or, ces services en ligne ne sont pas à la portée de tous : le numérique accorde une place prépondérante à l’écrit en exigeant de tout utilisateur qu’il sache lire, écrire, compter. Pour les 2 500 000 personnes concernées par l’illettrisme dans notre pays, cette tendance peut générer de nouvelles formes d’exclusion ou d’inégalités. Et les questions d’accompagnement à l’accès et à l’utilisation sont donc centrales.

Mais le numérique, c’est aussi d’autres modalités de service possibles qui changent le processus d’accompagnement :

  • accès autonome aux ressources,
  • possibilités de réaliser un certain nombre de recherches ou d’explorations de manière asynchrone…

Tous ces éléments modifient la conception des services de conseil et d’accompagnement d’autant que de nombreuses plateformes (coopératives ou payantes) se développent à grande vitesse. Le développement du CEP, Conseil en Evolution professionnelle, mis en œuvre dans le cadre de la loi de 2014, est révélateur de ces réflexions.

Les Fongecif

 

Les Fongecif sont un des 5 acteurs nationaux à mettre en œuvre ce service. Et le développement du numérique impacte cette mise en œuvre. Le Fongecif Bourgogne nous parlera de cette évolution, des apports et évolutions en cours. Si les métiers du conseil sont impactés, ceux de la formation le sont aussi.

Le réseau des MFREO (Maisons familiales Rurales d’éducation et d’orientation) a entrepris depuis quelques années une réflexion sur les possibilités offertes notamment en terme de modalités pédagogiques et de place de l’apprenant. Le projet W@lter est destiné aux usages pédagogiques et éducatifs des moniteurs et des apprenants. Son ambition vise à renforcer les pratiques éducatives et pédagogiques par l’intégration de nouveaux outils permettant de mettre en œuvre des activités variées.

La Fing

Depuis 16 ans, la Fing (association pour la Fondation de l’Internet Nouvelle Génération) aide les entreprises, les institutions et les territoires à anticiper les mutations liées aux technologies et à leurs usages. Elle a construit un nouveau genre de Think Tank, dont les productions sont largement reconnues en Europe et ailleurs.

Aurialie Jublin, co- responsable du programme Digiwork sur les transformations du travail à l’ère numérique, Grand témoin de cet Acte 1 conclura sur les impacts du numérique sur le travail, les parcours professionnels et l’accompagnement. Elle fera un focus sur le projet de la Fing de Musette Numérique de l’Actif (qui traite de ces 3 thématiques).


Quelques références

Wetechcare et Clicnjob : http://wetechcare.org/services/clicnjob/
ANLCI : http://www.anlci.gouv.fr
FING : http://fing.org
L’adresse du réseau des MFR http://www.mfr.asso.fr et celle de la plateforme W@lter des MFR : http://w-alter.mfr.asso.fr

Le site national sur le CEP : http://www.mon-cep.org
Le site du Fongecif Bourgogne 

Le rapport du Conseil national du Numérique « Les nouvelles trajectoires »

https://cnnumerique.fr/files/uploads/2015/12/Rapport-travail-version-finale-janv2016.pdf

Acte 2 : L’art d’accompagner autrement…des personnes qui agissent

Des personnes actrices de leur projet, des professionnels qui coopèrent avec les utilisateurs pour construire une offre de service adéquate, des usagers pris en compte et parties prenantes….la question de la participation des personnes est régulièrement évoquée dans le champ de l’accompagnement.

Cela a de nombreuses conséquences, bien sûr en terme de posture (la personne est experte de sa situation, le professionnel expert du processus) mais également en terme d’ingénierie de dispositifs et de pédagogie d’intervention. Dans certains domaines de l’action sociale, cette participation des usagers est encadrée par des textes législatifs (lois du 2 janvier 2002, du 4 mars 2002 et du 11 février 2005). Mais au delà de ces aspects de participation à des instances, cette question est à poser plus largement.

Elle nécessite de distinguer de ce qui est de l’ordre du recueil de point de vue (donner son avis) de ce qui est de l’ordre d’apporter une contribution (agir pour le bien commun). Les initiatives présentées lors de ces rencontres ne sont pas centrées uniquement sur une validation de l’usager quant au contenu qui lui est proposé. Chaque personne peut faire des propositions, y mettre du sien, apporter sa pierre à l’édifice. Et éprouver fierté et reconnaissance.

Cheikh SOW

Cheikh SOW, anthropologue, formateur, chanteur, spécialiste de questions d’inter culturalité, nous parle du vivre ensemble en actions mais il fait plus que nous en parler. Il construit des rencontres des occasions d’échange, de rapprochement. Il s’emploie à ce que les lignes bougent, doucement mais en profondeur.

Le dispositif PAC

Le CIBC Gard Lozère Hérault nous parlera du dispositif PAC (Programme d’activation) en cours de réalisation, du parcours en musique Des mots et des notes pour se parler du travail mis en œuvre justement avec Cheikh SOW. Quand la créativité est au service du pouvoir d’agir de chacun. Quand faire œuvre commune amène à franchir les obstacles. Mettre en place les conditions pour que chacun puisse prendre part, contribuer, cela passe également par une réflexion sur les médias, les supports, les objets de dialogue et d’action.

Cela peut être le quartier et l’habitat. Le projet BIP/ZIP à Lisbonne (Bairros e Zonas de Intervenção Prioritária / Quartiers et zones d’intervention prioritaire) est pensé comme un instrument de politique urbaine publique avec pour objectif d’encourager le partenariat et les petites mesures locales pour une amélioration de l’habitat concerné. Le principe de base est le soutien des projets locaux qui contribuent à renforcer la cohésion sociale et territoriale dans le voisinage. De petites choses mais qui intéressent les habitants qui peuvent construire avec des pairs dans leur quartier.

http://www.goethe.de/ins/be/prj/wet/tra/lis/fr11558269.htm

Cela peut être la culture avec ML’Art. Il s’agit d’une action collective à dimension artistique destinée à permettre aux participants de travailler sur leur dynamique personnelle, de manière à favoriser une impulsion dans la construction de leur parcours d’insertion sociale et professionnelle avec la Mission Locale du Pays Salonais.

Sensibiliser à l’art

Concrètement, le support artistique sur lequel s’appuie l’action vise à sensibiliser un groupe de jeunes à l’art. Dans une dynamique participative, les jeunes sont impliqués dans la création d’œuvres artistiques, l’organisation d’une exposition en tant que « Commissaires d’exposition » à la galerie d’art associative « Les Ateliers d’Agora » à Eyguières.

https://mlart2016.wordpress.com/mlart/

http://www.peps-missionslocales.info/actualites/participation-des-jeunes1/mlart-des-jeunes-commissaires-dexposition-dans-une-galerie-dart.html

S’il est un sujet qui parle à tous, c’est bien celui des discriminations. Un sujet sensible qui a donné l’occasion aux Missions Locales de PACA de construire un dispositif de recherche action où les jeunes sont bien évidemment parties prenantes. Ces ateliers participatifs de prévention et de lutte contre les discriminations s’inscrivent bien dans une approche de l’accompagnement au delà du simple soutien individuel. La prévention est centrale et le dialogue avec les jeunes sur tous les sujets qui les touchent est susceptible de leur permettre une réflexion partagée et des actions quotidiennes, souvent discrètes mais essentielles.

http://www.mlpaca.fr/article/creer-article-71

Accompagner, c’est construire des occasions de contributions et d’expériences partagées. Ecoutons les personnes accompagnées et mettons en place les conditions pour qu’elles puissent agir et aller vers ce qui est important pour elles.
Ecoute, sinon ta langue te rendra sourd. Proverbe amérindien.


Quelques références

Yann le Bossé, soutenir sans prescrire, Ardis Aditions Canada
Martha Nussbaum, Capabiités : comment créer les conditions d’un monde plus juste, Editions Flammarion, Climats, 2012
Paul Ricoeur, Parcours de reconnaissance, Editions Essai, 2005

Etats généraux du travail social, Groupe de travail Place des Usagers 2015

http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Placedesusagers.pdf

Acte 3 : L’art d’accompagner autrement… toutes les différences ?

Forum des initiatives :

Quand on cherche à trouver des chemins moins balisés, quand inventer en situation devient la condition d’un accompagnement personnalisé et pertinent, quand la coopération inspire l’action…

Accompagner autrement n’est pas un objectif en soi.

Les initiatives dont nous allons parler partent toutes de différents constats, parfois combinés: démarches inadaptées aux situations des publics, malaise des professionnels face à des procédures préétablies et pas toujours adéquates, solitude du professionnel face à des cahiers des charges rigides, réactions du public (soumission, opposition, désengagement…). Il ne s’agit pas non plus d’attribuer toutes les vertus aux chemins détournés et de porter des jugements radicaux sur les dispositifs institués.

Il est plus question de nous donner l’occasion de mieux comprendre ces initiatives : à quoi répondent-elles ? Sur quels principes se fondent-elles ? Quelles conséquences en terme de gestes professionnels et de posture ? Quelle place et rôle des personnes accompagnées ? Avec quels résultats ? Et quelles interrogations pour les professionnels ?

Elles nous obligent toutes à rechercher la cohérence entre les objectifs visés et les ressources mobilisées. Car on perçoit vite une dérive dans la plupart des dispositifs règlementés : que la pression sociale tant sur les professionnels que sur les personnes ne nous amènent à ne regarder qu’un seul critère : la conformité aux attendus.

Donner la parole à des professionnels

Cette séquence de présentation et d’échange vise donc à donner la parole à des professionnels qui cherchent sans cesse la pertinence de leurs interventions. Quitte parfois à prendre des chemins de traverse et à faire bouger les cadres. Les expériences menées sont différentes. Elles ont en commun plusieurs choses : l’adaptation aux situations rencontrées (pertinence du côte de la personne), la recherche de ressources pour avancer, une volonté coopérative (expérience de Plateforme collaborative CEP). C’est d’ailleurs la nécessité affirmée des professionnels de pouvoir contribuer, dans une collaboration avec des pairs, qui est valorisée ici.

Car on perçoit bien que ce qui se joue dans l’accompagnement, c’est cette articulation à trouver entre la personne, sa situation et son environnement élargi (emploi notamment). En ce sens ce qui est présenté ici peut clarifier la posture de l’accompagnateur : celui qui permet à la personne de franchir les obstacles auxquels elle est confrontée, lui apporter un soutien dans ce « pas d’après » en cherchant sans cesse les moyens les plus adéquats, pas toujours formalisés dans une fiche procédure.

En ce sens, il y un risque à prendre pour la personne (acceptable, accessible). Mais également du côté du professionnel qui peut hésiter, s’interroger. Et coopérer avec ses pairs devient une ressource essentielle.
De très nombreuses autres initiatives auraient trouvé leur place dans ce Forum. Nous avons cherché l’exemplarité plutôt que l’exhaustivité.

« Médiation pour l’emploi »

La FNARS PACA évoquera l’expérimentation nationale dite « Médiation pour l’emploi » à destination de structures de l’insertion par l’activité économique (SIAE). L’objectif est d’accompagner des SIAE dans le développement des stratégies pour intervenir sur l’offre et sur la demande d’emploi sur leur territoire. Habituellement, les intermédiaires facilitent la rencontre d’une offre et d’une demande de travail déjà constituées, on considère qu’ils interviennent en aval. A contrario, la médiation active intervient en amont, sur la constitution même de l’offre et de la demande de travail. Nous pourrons ainsi aborder concrètement ces questions de médiation.

L’emploi accompagné

WORKING FIRST 13 est un programme expérimental basé sur la méthodologie Individual Placement and Support, équivalent anglo-saxon de l’emploi accompagné. Il offre un suivi intensif individualisé, illimité dans le temps à l’accès, au maintien à l’emploi sur le marché ordinaire du travail. Il s’adresse aux personnes éloignées de l’emploi sur le territoire de Marseille. La démarche s’appuie sur 9 principes d’intervention (notamment un soutien illimité dans le temps, l’attention portée aux préférences de la personne, une collaboration partagée dans la prise de décision). La dimension coopérative est centrale tant avec les personnes, les partenaires qu’entre les intervenants eux-mêmes.

La Plateforme NEET

Nous découvrirons la Plateforme NEET développée au Portugal. Le terme NEET (not in employment, education or training) désigne les jeunes qui n’ont pas d’emploi et ne suivent pas d’études. Ils seraient 1,9 millions en France et 14 millions en Europe. Si on peut trouver cette catégorisation risquée (stigmatisation, situations hétérogènes), elle a le mérite d’apporter quelques éléments objectifs à un débat difficile :

  • précarisation des emplois,
  • déclassement social
  •  développement du non recours au droit,
  • sentiment d’impuissance possible.

Comment agir ensemble avec les personnes concernées pour aller vers plus d’équité et une société plus juste ? C’est tout l’enjeu du travail de cette plateforme NEET qui cherche elle aussi à fédérer les professionnels, à capitaliser les initiatives et à s’ancrer sur les contextes de vie des personnes concernées.

Le conseil en évolution professionnelle

Le conseil en évolution professionnelle (ou CEP), nouveau dispositif d’accompagnement gratuit mis à disposition de tous les actifs, a été instauré en France par la loi du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale. Cinq opérateurs nationaux sont aujourd’hui habilités à délivrer le CEP (Pôle Emploi, APEC, Missions Locales, OPACIF et CAP EMPLOI).

La communauté de métier

La communauté de métier (COMCEP) pour les conseillers du CEP est une initiative de trois acteurs : Centre Inffo, l’Université ouverte des compétences (Uodc), et le Réseau des Carif-Oref soutenue par la DGEFP et par les cinq opérateurs nationaux. Testée aujourd’hui en régions PACA, Bourgogne et Auvergne-Rhône-Alpes, la plateforme va se déployer sur l’ensemble du territoire national à partir d’octobre 2016. Le projet est de mettre à disposition de tous les professionnels délivrant du CEP une communauté de métier digitale : transversale, professionnelle, attractive, régulée.

Il ne s’agira pas ici d’en apprécier les effets (le cadre n’est pas légitime pour cela. L’initiative est à son début) mais plutôt d’écouter des acteurs qui s’en saisissent pour travailler de manière coopérative. Car l’enjeu de l’accompagnement, c’est bien aussi comment chacun peut se nourrir de l’expérience des autres. C’est comment un métier évolue, se structure, chemin faisant, dans les allers retours, les débats…. Peut être une nouvelle manière d’aborder la professionnalisation permanente dans un cadre vivant.

Introduire de l’innovation

Ces initiatives (plus ou moins formalisées) interrogent également la capacité à introduire de l’innovation dans des pratiques instituées soumises aux indicateurs de conformité et de performance. Elles supposent également une visibilité tant pour les professionnels du champ de l’accompagnement que du côté des financeurs qu’il s’agit également d’éclairer.

C’est tout le sens de ces rencontres. Et la finalité du collectif Kelvoa.


Quelques références

http://www.fnars.org/publications-fnars/f-le-magazine-de-la-fnars/les-actualites-de-f- magazine/5998-les-siae-mediatrices-pour-l-emploi

http://www.workingfirst13.fr

http://www.orientationpaca-pro.fr/Page/communautes-digitales

Matthew B Crawford, L’éloge du carburateur, La découverte, 2010

Acte 4 : L’art d’accompagner autrement…Changer de vie, changer la vie

Conférence / débat avec Marc-Henry Soulet,
Sociologue, Professeur à l’Université de Fribourg, titulaire de la Chaire Sociologie, politiques sociales et travail social.
« Accompagnement, vulnérabilité et changement de vie »

Marc-Henry Soulet est également l’actuel Président de l’Association Internationale des Sociologues de Langue Française. Il est à ce titre pleinement concerné par (et engagé dans) les transformations contemporaines des sciences humaines et sociales au plan pédagogique et scientifique.

Trois directions

Il développe ses travaux dans une triple direction :

  1. L’analyse des formes concrètes d’intervention sociale et celle des transformations contemporaines de l’État social ;
  2. La compréhension des mécanismes de gestion des identités discréditées et celle des modalités d’action en situation de vulnérabilité ;
  3. L’étude des formes de traitement social de la non-intégration.

Il dirige la collection Res socialis chez Academic Press Fribourg où il a coordonné la publication de plusieurs ouvrages. Il a publié de nombreux articles dans le champ des problèmes sociaux comme sur des questions épistémologiques et méthodologiques en sciences sociales. Un thème récurrent de ses travaux est le couple que forment l’exclusion et la vulnérabilité. Pour lui, le concept de vulnérabilité s’est progressivement substitué à celui d’exclusion, qui servait à rendre compte des phénomènes contemporains de fragilisation et de mise à la marge sociale.

L’action publique ne doit pas se contenter de mesures pour les exclus, ou « s’occuper des malades ». Elle doit aussi de prévenir l’exclusion parmi les personnes vulnérables.

Ceci l’amène à analyser :

  • la nature du travail social en général,
  • les fondements de l’intervention sociale,
  • les relations entre la solidarité et l’action publique
  • et même la question de la « solidarité planétaire ».

Typologie de cadres d’action

L’un des apports de Marc-Henry Soulet est le développement d’une typologie de cadres d’action, avec trois cadres typiques :

  •  L’agir conforme, quand on a la certitude que l’avenir est stable et prévisible, et qu’on peut se fier à l’« institution totale » : l’action suppose de suivre ses certitudes.
  •  L’agir stratégique, quand l’avenir est relativement incertain, et qu’on peut faire (plus ou moins) confiance à l’« institution instituante » : l’action suppose de jouer avec le risque pour tenter de le contrôler.
  •  L’action poïétique, quand on a la certitude que tout est incertain, qu’il vaut mieux se méfier de l’« institution incertaine » : l’action suppose de réduire l’incertitude.

Marc-Henry Soulet nous interrogera sur ce qu’accompagner veut dire en fonction des situations et des cadres d’intervention.

Changer de vie…changer sa vie

Plus que jamais, tout le monde en parle. Ainsi, près de la moitié des Français (47%) considère « passer à côté de sa vie ». La population dans son ensemble juge que son niveau de bien être est « médiocre », selon un sondage Ipsos publié en septembre 2015.

Quant à changer de vie, les sondages, sont nombreux, contradictoires, les hebdos en font leurs unes. En tout cas, on en parle. Le développement du CEP (conseil en évolution professionnelle) le symbolise. L’accroche est limpide. J’ose !

Le Fongecif PACA a une longue expérience sur ce sujet et a construit une approche et des outils pour :

  • valoriser les initiatives,
  • faciliter les échanges entre personnes,
  • aller au delà des intentions vagues,
  • faciliter la mise en perspective des éléments d’expériences,
  • structurer les témoignages.

Cela permet de retrouver la parole des personnes concernées dans leur authenticité et leur singularité. Et de clôturer nos rencontres par le plus important.

Accompagner pour que la personne puisse aller vers ce qui est important pour elle.


Quelques références

Marc-Henry Soulet :

  • « Le travail social comme activité en situation » in Soulet M.H (éd.), Les Nouveaux visages du travail social Academic Press, Fribourg, 2016
    Jeunesses précaires, Academic Press Fribourg, 2015
  • Changer de vie : un problème social, Academic Press Fribourg, 2011 Sous la direction de Vivianne Châtel et Marc-Henry Soulet, Agir en situation de vulnérabilité sociale, Presses Universitaires de Laval, 2003
  • Article « Changer sa vie », Revue, Sciences Humaines, Les grands dossiers, no 23 2011

Amartya Sen, Repenser l’inégalité, Points, 2012

http://www.mon-cep.org/?gclid=CKuw6PTIrM8CFdMV0wodeYkOsw

http://www.fongecif-paca.com/ils-ont-ose-et-vous

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