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Conférence de Florence Osty

Une vision « girafe » sur les transformations du travail

Rencontre KELVOA le 12 octobre 2017 à Paris

Le texte suivant est la retranscription de l‘introduction de la conférence de Florence Osty lors des rencontres Kelvoa de Paris en octobre 2017. Vous pouvez télécharger le texte complet de la conférence au format PDF.

Conférence de Florence OSTY sur les transformations du travail – PDF

Introduction

Merci beaucoup André pour cette introduction au pas de charge et il faut bien ce rythme et cette énergie pour pouvoir aborder cette mission de transformation. J’avais juste envie de démarrer par une petite parenthèse, qui concerne la Catalogne, où je réside, et où l’on est en train de vivre des process de transformation en live. Il y a de très fortes incertitudes sur ce qui va se passer en Catalogne, chaque jour apportant son lot de surprises voire de sidération pour beaucoup de Catalans. Depuis ces dernières semaines, ces derniers ne comprennent plus tout à fait ce qui s’y passe et les motivations des uns et des autres. On est actuellement dans une phase d’emballement des passions, de radicalisation des positions, d’une incapacité à pouvoir entrer en dialogue. Chacun est sommé de choisir son camp dans un climat d’accusations et de traitrise de part et d’autre.

Et ce qui me semble le plus inquiétant, c’est l’impossibilité actuelle d’entrer en débat. D’où l’attention à pouvoir préserver et insuffler des espaces un peu flous de dialogue. Ces clivages traversent douloureusement les familles, les réseaux amicaux, professionnels, et la vie sociale ordinaire. Et lorsque la passion l’emporte, elle dégage une énergie singulière nécessaire pour faire éventuellement sécession, ou faire pression mais surtout, elle ouvre vraiment la porte à la violence, qui une fois lancée, ne peut plus être arrêtée. On voit bien que les transformations actuelles convoquent des forces de rappel de tout ce qui a été refoulé dans une histoire collective, qui revient en force et influence la manière dont les évènements se déroulent. Concernant les transformations du travail, on n’est pas dans cet effet de passion, mais on peut essayer de comprendre à quoi nous sommes confrontés et comment finalement il peut y avoir un impact, notamment sur les formes d’accompagnement.

J’étais très perplexe à l’invitation d’André qui m’a demandé d’intervenir sur les transformations du travail. Je me suis dit que c’était un “gros” sujet non seulement parce qu’il y a beaucoup de choses à dire, mais aussi qu’il était trop vaste pour que je puisse stabiliser une pensée pertinente. Je vais ainsi vous livrer un point de vue qui est partiel car il est difficile de proposer une vision unifiée sur ces changements. C’est aussi un point de vue situé, fondé sur mes expériences de recherche, d’interventions et de formations, qui concerne davantage ceux qui sont insérés dans le travail.

De plus, ma perplexité vient aussi d’oscillations entre des sentiments contradictoires. D’un côté, je ressens de la colère contre les formes de déshumanisation du travail, contre l’absurdité qui semble avoir pris le pas dans bon nombre de fonctionnements au détriment de toute forme d’intelligence collective et d’écoute sur la manière dont se posent les problèmes. Mais j’ai également un sentiment de profonde confiance dans des initiatives, des expérimentations, des formes d’intelligence locale qui émergent, et qui me rassurent sur la capacité des individus et des collectifs à ne pas se satisfaire de ce qui n’a plus de sens, de ce qui les contraint et à faire appel à leur générosité et leur force d’action collective pour inventer un autre monde. Alors prise dans cette oscillation, je me suis dit que le mieux consistait peut-être à ne pas vous présenter une revue de l’état de l’art, mais plutôt à m’appuyer sur mon expérience et vous proposer des vignettes expérientielles de ce que j’ai pu glâner à droite, à gauche. Il s’agit davantage d’une vision mosaïque que qu’une vision unifiée.

C’est ainsi que je vous invite à adopter une vision “girafe” sur les transformations de travail. Pourquoi “girafe”? parce que cet animal a la capacité de voir les choses de plus haut du fait de cet immense cou, et puis sa souplesse lui est utile pour regarder à droite, à gauche, et voire même derrière. Et donc j’avais plutôt l’idée de vous proposer de prendre un peu de hauteur, mais avec les pieds ancrés sur le sol en essayant de tourner la tête de différents côtés pour explorer ensemble les transformations du travail.

Plan complet

  1. Une vision diachronique : du concept de changement à celui de mutation
  2. Une vision panoramique : la diversité des formes et voies d’évolution des organisations
  3. Une vision synoptique du travail, entre disparition et réinvention
  4. Une vision prospective : quels enjeux en matière d’accompagnement ?

Conférence de Florence OSTY sur les transformations du travail – PDF

Florence OSTY

Florence Osty, sociologue

Florence OSTY est sociologue.

  • Professeure affiliée à Sciences Po Paris.
  • Directrice de l’Exécutive Master « Sociologie de l’entreprise et stratégie de changement », Sciences Po Paris.
  • Chercheure au LISE (Laboratoire Interdisciplinaire pour la Sociologie Economique) – CNRS/CNAM
  • Intervenante en entreprise

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Présidente de l’association SAFIR