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Synthèse de l'acte 4

12ème rencontre KELVOA - 19 janvier 2022 à distance

Acte 4 : Faire école : l’art d’accompagner autrement ?

Comment dépasser la seule trajectoire individuelle, penser le système et faire communauté à tous les échelons ? Comment faire école d’un pouvoir d’agir individuel et collectif ? Comment le traduire en actions situées ?

Alexis Durand Jeanson, créateur de Prima Terra Faire École, chercheur en sciences de l’innovation, concevant et contribuant à des projets de recherche-action-transmission sur des sujets émergents, comme les tiers-lieux, les territoires apprenants, l’alimentation durable ou les services de demain dans l’économie du Care. Accoucheur de livres d’expériences collectives, accompagnateur de décideurs…. Pour réinscrire dans le temps long des idées et actions de notre époque.

Le carnet de notes de Prima Terra

1. L’intervention de décryptage d’Alexis

2. Quelques balises proposées par Alexis Durand Jeanson

 

2-1 Où trouver du sens et de la reconnaissance dans nos actions du moment ? »  « Comment faire école dans notre travail ? »

Le sens et la reconnaissance peuvent être alimentés à différentes échelles de temps : 

Dans l’histoire courte

Nous l’avons exploré avec la « cartographie des espaces hybrides » ou encore avec l’idée de « tiers-espace » d’Hugues Bazin du laboratoire LISRA : on parle de ces espace-temps « à part » pour initier l’action commune, pour soulever des sujets prétextes pour expérimenter tout en se rendant visible et compréhensible (donc légitime) …

Dans l’histoire longue

Avec « l’entrepreneuriat éco-sophique » aux côtés de Vivien Starosse, la « culture éco-poétique » avec Camille They, ou encore l’histoire des lieux de sociabilités partagée par Antoine Burret,

il s’agit de faire confluer des représentations, des imaginaires et une communion culturelle dans la diversité, pour comprendre sa propre place dans l’histoire longue de la Société ou de l’Espace.

Dans l’histoire contée

Avec le concept de « tiers-lieu apprenant » : il s’agit de rassembler des aspirations individuelles autour d’un processus itératif pensé comme un chef d’œuvre conceptuel commun : un destin intellectuel et des principes de fonctionnement pour produire des connaissances plus ou moins partagées consciemment.  

Dans l’histoire relationnelle

Avec le permanagement et les principes de « zonages et d’interfaces entre les champs d’action », il s’agit de repérer ces croisements, ces lisières entre projets individuels
et collectifs enfermés dans leurs frontières quotidiennes.

Dans l’histoire économique

Avec l’idée « d’archipels » d’Edouard Glissant, on parle de la capacité à relier les oasis de connaissances d’Edgar Morin par une « interdépendance entre le matériel et l’immatériel » et entre le « local et lointain » et par un équilibre à trouver entre le marchand et le non-marchand. 

Dans l’histoire spirituelle

Avec la pédagogie Tête – Cœur – Corps développée au Campus de la Transition ou au sein du mouvement Colibris : il s’agit de renouer avec une pensée et une pratique à la fois de la Philosophie, Spiritualité et Politique, des Humanités et de la Technique.

Le design permaculturel, c’est aussi relier le corps, le lieu d’ici et le lieu lointain, les flux et donc le vivant au final dans un tout commun…

2-2 Quelques pistes d’accompagnement :

  • Construire un cadre de références mobilisant à la fois, l’Universel et le Relatif ainsi que le Local (expériences imparfaites, impermanentes, relatives, les pensées et pratiques alternatives…) et le Monde (connaissances universelles, plus stables, la norme dominante…)
  • Faire de la recherche-action et de l’écriture auto-raisonnée une posture méthodologique (et non une démarche narrative partagée par et pour tous) 
  • Initier des démarches qui croisent des échelles individuelles, collectives et inter-collectives, telles la constitution d’archipels momentanés autour d’objets communsSe relier à d’autres initiatives pour écrire le sens commun perçu au quotidien : 
  • Ne pas tout mettre en ligne pour alimenter les Titans (pour garder les histoires et fertiliser les imaginaires pour faire vivre nos légendes locales) 
  • Discerner les contenus universels pour le Monde et des contenus contextuels pour le Local  
  • Faire la différence entre le contexte insaisissable du Monde (changements climatiques, innovations technologiques, l’économie financiarisée…) et le contexte praticable, accessible et appropriable du Local (comment agir dès maintenant, avec qui, avec quoi ?)  
  • Mettre l’apprenant au cœur de l’expérience d’apprentissage, et les accompagnateurs autour, pour l’aider, l’encadrer et l’énergiser au quotidien à trouver ses propres voies 
  • Qui donne et vous attribue la reconnaissance au regard d’une valeur souhaitée et produite et perçue : est-ce une recherche de reconnaissance par l’Autre, l’Institution ou soi-même dans l’action ?

 

2-3 Une confluence à favoriser

Pour nous, il y a un véritable processus sociologique à réinventer sans cesse :

  • Des parcours individuels : avancer, se repérer, vivre
  • Des aspirations collectives : s’identifier, exister, se construire momentanément ensemble
  • Faire communauté de savoirs : initier des convergences, partager des ressources autour de règles communes, l’animer et la dépasser 
  • Faire école : inspirer, transférer, partager l’histoire commune et les expériences vécues sans reproduire à l’identique, en provoquant des divergences pour apprendre de la rencontre  
    • Le retour du corps… pour penser une « rééducation du corps dans l’ensemble », avec l’idée de fabriquer des moments de « corps à corps »
    • Innover n’est pas reproduire (modèle de la fidélité industrielle) mais c’est chercher à énergiser, à inspirer (modèle de la fidélité événementielle artistique et de la fidélité valorisation du geste mineur)
    • Il s’agit d’être fidèle aux actes mineurs de son environnement dans le cadre d’un contexte majeur qui nous est hostile : dépasser le « copier-coller » de ce qui est la mode… pour (se) construire en conscience 
    • Favoriser l’unicité localisée (communautés) tout en fabriquant du commun universel (société locale et civilisation)
    • Fabriquer de la divergence d’idées locales pour convoiter de la divergence sociétale
    • Situer les actions dans une histoire quotidienne et singulière tout en les replaçant dans une trajectoire longue et commune
    • Identifier les lisières non stabilisées et canalisées, les espaces où le vivant est le plus présent, pour se projeter dans le Demain sur la base d’actions à réaliser maintenant !

 

Nous l’avons exprimé avec les « Écoles territoriales », les principes de « style socio-économique » en Martinique (cf : https://www.alter-actifs.fr) ) et le macro-processus de transformation d’un sujet émergent en une normalité nouvelle, avec les principes de « design de filière« .

Le premier principe, c’est d’éviter à tout prix la recherche de label au démarrage.

La mise en mouvement et l’organisation organique sont essentielles, en opposition avec l’idée de norme… Mais une fois stabilisé, l’émergence devient une norme commune.

Il s’agit de passer de collectifs d’individus au faire communauté, puis de la dépasser pour faire réseau, de favoriser ensuite des convergences de champs d’activités, de secteurs puis de filières puis d’arriver à constituer des écosystèmes.

A ce niveau, le Politique peut intervenir pour encadrer et canaliser les énergies collectives dans un souci d’équilibre entre coopération et compétition. Cette configuration politique fabrique du commun sur la base d’une alternative émergente.

 Pour arriver à construire cet état de conscience partagé, il semble bon d’alimenter l’écosystème constitué autour de différentes formes de « maturités », des curseurs propres à se positionner sur ce qui fait des « aménités » favorables pour se connaître et se transformer :

  • L’Institut des territoires coopératifs parle de « maturité à la coopération »
  • Le manifeste pour la frugalité créative parle de « frugalité consciente et heureuse »
  • Alexandre Monnin et le collectif des redirections écologiques s’expriment dans leur ouvrage pour un « design et d’écologie du démantèlement »
  • Les territorialistes parlent d’un « design par l’économie symbiotique en favorisant l’ancrage biorégional »
  • Gilles Clément parle « d’alternative ambiante » pour faire converger les communautés d’émergences,
  • Prima Terra parle de « maturité écologique » pour favoriser la progression d’une culture écologique de l’économie, cherchant à dépasser le principe de « compensation environnementale »…

Avec quelques citations complémentaires saisies au vol :

  • Gaël Giraud propose cette « économie des communs » qui dépasse le Public et le Privé.
  • Pour Michel Lussault, c’est l’idée de construire ce « Tiers-secteur » du Commun, ainsi que cette sphère économique de la « Soustraction ».
  • Pour Prima Terra, c’est l’idée de fabriquer une économie à cheval, donc hybride, entre une économie politique / de rébellion, une économie de la Technique / des savoirs-faire de longue haleine et une économie de propriété / de rente / d’ancrage.

En somme, il s’agirait de se construire en se reliant par rhizomes cognitif, conatif et spirituel des dynamiques individuelles et collectives, de façon permanente…

Pour aller plus loin et suivre Alexis :


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